lundi 27 novembre 2023

TI-MG - PRÉSIDENTIELLES 2023 : LE TRIOMPHE DE LA CORRUPTION, DE L’ARGENT ET DE LA COMPLAISANCE SUR LA DÉMOCRATIE

 

Antananarivo_25 novembre 2023. Les résultats du scrutin présidentiel controversé du 16 novembre dernier ont été proclamés ce jour au siège de la CENI. Sans surprise – et tel qu’il l’avait annoncé il y a quelques mois – Andry Rajoelina gagne au premier tour avec 58,95% des suffrages.

Les observateurs internationaux seraient unanimes en affirmant que « l’élection présidentielle du 16 novembre à Madagascar s’est déroulée sans incident majeur et a rempli toutes les normes internationales en matière électorale… Les quelques manquements et imperfections constatés ça et là ne peuvent remettre en cause de façon globale le bon déroulement et la crédibilité de cette élection. » Une telle unanimité est plus qu’inquiétante, en sachant que la bénédiction des observateurs électoraux – et par extension, de la communauté internationale – constitue l’extrême onction qui validera les résultats électoraux. 

Combien de manquements et d’imperfections faut-il comptabiliser pour remettre en cause la crédibilité d’une élection ? Quel est le seuil de tolérance envers les irrégularités, le manque d’intégrité et la corruption dénoncés par de nombreux observateurs depuis le début du processus électoral ? Un hold-up, pire – un viol électoral, a été orchestré, prémédité et perpétré au vu et au su de tous, mais ceux qui avaient entre leurs mains le pouvoir de l’empêcher et de sauvegarder la dignité du peuple malgache ont choisi la complaisance et la voie de la facilité. La non-ingérence est un prétexte trop facile, à la limite du fallacieux, lorsque le sort de millions de personnes, d’une nation entière, est en jeu. La politesse du langage diplomatique et la satisfaction du service fait – des millions de dollars ou d’euros investis dans un processus capturé d’avance – ont rajouté du lubrifiant à un mécanisme de v(i)ol électoral déjà bien huilé. Tout le monde savait que la catastrophe était imminente mais la majorité, même les Evêques de Madagascar, ont choisi de fermer les yeux et de laisser faire. Ceci malgré la violence, les multiples violations des droits humains, la corruption et le misérabilisme qui ont entouré ce processus. « Quelques manquements et imperfections », donc…

Beaucoup a été dit, et des organisations de la société civile ont essayé de faire front, en documentant, analysant et dénonçant les mauvaises pratiques, afin de prévenir cette catastrophe. Ceux qui ont essayé de résister, non à des fins partisanes, mais pour essayer de défendre les libertés les plus fondamentales auxquelles les Malgaches ont aussi droit – mais qui sont systématiquement foulées au pied par les détenteurs du pouvoir, – ont été moqués et dénigrés. Les résultats électoraux proclamés ce jour ne sont pas simplement ceux des « efforts » déployés par le camp du « vainqueur », mais aussi les résultats d’un manque patent de culture démocratique, de la faiblesse de la conscience civique collective et de la misère (dans tous les sens du terme) ambiante.

Le désespoir serait de mise, non parce que tel ou tel individu a « gagné », mais parce que l’acceptation de ces résultats équivaut à l’acceptation et à la légitimation du processus et de toutes ses irrégularités. Ce sont l’absence totale d’éthique dans l’organisation de ces élections, et le sentiment de s’être totalement fait abuser, qui suscitent l’indignation et la colère – elles aussi réprimées par le chef d’Etat par intérim dont l’indélicatesse des méthodes n’est plus à démontrer. Les gardes à vue abusives et le harcèlement judiciaire de syndicalistes, tout comme la répression de toute contestation ces derniers jours et mois en attestent. L’acceptation de ces résultats signifie aussi la reconnaissance de l’exploitation de l’extrême pauvreté comme technique ultime pour gagner des élections à Madagascar, et c’est intolérable.

Mais le désespoir ne triomphera pas, car Madagascar et les Malgaches méritent mieux. La résistance doit s’organiser, non contre un individu, un camp politique ou une couleur, mais contre l’illégalité et la capture totale de l’Etat par des intérêts privés et par le diktat de l’argent. Transparency International – Initiative Madagascar continuera à œuvrer pour plus de transparence, d’intégrité et de redevabilité, et à se dresser contre la corruption, quelles que soient les circonstances, quels que soient les dirigeants (ou les opposants). Que chacun prenne également ses responsabilités et agisse en conséquence. 

Ho an’ny tanindrazana.

https://www.transparency.mg/communiques-de-presse/presidentielles-2023-le-triomphe-de-la-corruption-de-largent-et-de-la-complaisance-sur-la-democratie/


dimanche 26 novembre 2023

Madagascar : crise post-électorale et situation pré-insurrectionnelle imminente

 


Depuis le coup d’Etat de 2009, Madagascar subit pour la troisième fois une élection ni libre ni acceptée par tous.

Si pour l’élection de 2014, la Communauté Internationale a imposé l’exclusion des candidatures de l’ancien président Ravalomanana et le putschiste Rajoelina sans se soucier de la souveraineté nationale, en 2023, cette même souveraineté nationale est invoquée pour masquer sa lâcheté face au coup d’Etat constitutionnel de Rajoelina avant les élections et décrié par l’ensemble de la société civile.

A Madagascar, l’interférence française dans les affaires malgaches est patente à travers la présence de grands groupes du CAC40 comme Colas, Orange, Total, etc… comme le souligne le magazine MondAfrique. Il n’y a rien de plus normal que la France se soucie et priorise ses intérêts, mais pas aux dépens de ceux des 28 millions de malgaches dont les 80% sont sous le seuil de la pauvreté. On est toujours dans la continuité de cette logique prédatrice de la période coloniale, seules les formes changent mais le fond reste. Ces visées associées à une corruption généralisée, maintiennent scandaleusement le pays dans la pauvreté. 

En fait, le pays est entraîné dans une spirale de paupérisation croissante induite par le régime autocratique de Rajoelina, avec la complicité de la communauté internationale. Doit-on s’étonner que Madagascar, qui pourtant n’a jamais connu de guerre, se trouve parmi les pays les plus pauvres au monde ?

Et la situation actuelle à l’issue de ce scrutin présidentiel biaisé ne présage rien de positif pour l’avenir.  

La Déclaration préliminaire de la Mission d’observation électorale de la SADC, rendue à l’issue du 1er tour, mérite d’être relativisée pour certaines de ses affirmations.  

D’abord, s’agissant de la méthode, le Rapport se base sur seulement 209 Bureaux de vote sur 27375 (moins de 1%). C’est insuffisant pour tirer des conclusions au niveau national. De plus, on ne connaît pas les critères de choix des bureaux de votes observés.

En outre, le Rapport soulève seulement deux irrégularités, ce qui est difficile à admettre eu égard aux intentions et manœuvres pré-électorales du camp Rajoelina pour assurer sa victoire. Rappelons que le Président par intérim actuel, le général Ravalomanana, un fidèle de Rajoelina, a accédé à cette fonction à la faveur d’un tripatouillage institutionnel lui permettant de devenir président du Sénat après la vraie-fausse démission du précédent président.

Aussi, sans remettre en cause le contenu du Rapport, force est tout de même de constater qu’il ne reflète pas la réalité surtout concernant les techniques et modalités de fraudes utilisées à grande échelle. On n’ose pas croire en la complicité de la SADC à ces manœuvres anti-démocratiques qui bafouent les droits les plus élémentaires du peuple malgache, mais aussi source d’un profond ressentiment populaire.  

L’observatoire indépendant SAFIDY, quant à lui, est plus réaliste dans son Rapport (base 10 000 bureaux de vote contre 209 de la SADC) en pointant des irrégularités avec des éléments factuels qui permettent de bien mesurer l’ampleur de la fraude électorale mise en place. Parmi ces faits:

·         large distribution d’argent effectué particulièrement par le candidat Rajoelina pour acheter des voix;

·         menaces et Intimidation à l’encontre des observateurs malgaches;

·         des électeurs ont voté plusieurs fois;

·         des citoyens votent sans présenter de cartes d’identité.

De plus, il faut relever les actes graves suivants qui ont suivi le scrutin :

·         des manifestations pacifiques violemment réprimées par les forces de l’ordre; 

·         deux candidats aux présidentielles interpellés;

·         une vingtaine de manifestants en prison;

·         le représentant du syndicat des enseignants chercheurs en grève est convoqué par la gendarmerie;

·         Fusillade en pleine rue de la capitale qui s’apparente à une exécution par les forces de l’ordre, faisant 5 victimes dont un ex-proche de la présidence et de la présidente de l’AN.

Quels que soient les résultats de cette farce électorale annoncés par la CENI, aucun candidat ne les reconnaîtra sauf Rajoelina. Tous les ingrédients d’une crise post-électorale sont réunis avec un pays au bord de l’insurrection dont les conséquences sont imprévisibles. 

On ne peut pas éternellement obliger le peuple à accepter l’inacceptable, légendairement calme ou culturellement pacifique soit-il !! 

 

 

GTT International-Genève

25 novembre 2023

 


dimanche 12 novembre 2023

MADAGASCAR: Interpellation du CPS de l’UA, de la Communauté Internationale (SADC,l’Union Européenne et USA)

 



MADAGASCAR: Elections à haut risque

 

Interpellation du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA, de la Communauté Internationale (SADC,l’Union Européenne et USA)

 

A l’instar des précédentes, les élections à venir présentent tous les signes d’une crise politique importante dans un pays économiquement en faillite et socialement au bord de l’explosion. Il est de notre devoir, en tant que citoyen, de vous interpeller, vous les institutions internationales et les partenaires de Madagascar bref, les parties prenantes au processus électoral actuel, sur la gravité de la situation pour les 28 millions de malgaches. 

Etant donné les faits suivants :

  • le président sortant, candidat à sa propre succession, a mis en place véritable machine électorale verrouillée qui ne laisse que peu de place à l’opposition. La société civile et plusieurs partis de l’opposition ont mis plusieurs fois en garde contre cette pratique
  • la société civile n’a aucune visibilité sur la liste électorale, savamment verrouillée par le régime pour éviter toutes éventualités de “bombe” de contestations ;
  • les membres clés de la Commission Electorale Nationale “Indépendante” (CENI) sont issues du régime actuel;
  • la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) chargée d’appliquer les lois, cautionne des pratiques anticonstitutionnelles du régime ; 
  • les élus, maires et chefs de quartier (fokontany), chargés d’organiser des élections ont été remplacés par des responsables désignés par le régime ;
  • l’appareil administratif de l’Etat, à l’instar des enseignants, sont contraints par le pouvoir de participer au meeting électoral de Rajoelina ;
  • les violations graves des droits de l’homme notamment des arrestations arbitraires, la répression violente de toute manifestation pacifique en pleine période électorale, perpétrées par les forces de l’ordre.

Par ailleurs, l'on rappelle que plusieurs personnalités de premier rang dont le président sortant Andry Rajoelina et le président de la HCC, Florent Rakotoarisoa font partie des personnes sanctionnées par le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine, pour concours au maintien du statu quo anti constitutionnel, le 17 mars 2010 lors de sa 21ème session. Associé à cela, le coup d’état constitutionnel savamment perpétré par Rajoelina avant sa candidature et avalisé par la HCC, s’inscrit dans la continuité d’une situation anticonstitutionnelle blâmée par la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance (CADEG) dont Madagascar a ratifié en 2017. 

Etant donné que l'Etat Malagasy en ne respectant pas sa constitution, viole les principes du droit international, source des conflits actuels; 

Nous, société civile, épris des valeurs démocratiques et soucieux de l’avenir de Madagascar, appelons la Communauté Internationale et particulièrement l’Union Africaine par le Conseil de Paix et de Sécurité à:

  • prendre des sanctions sévères pour les auteurs des changements anticonstitutionnels conformément aux mesures prévues par la CADEG (1);
  • prendre ses responsabilités et ne pas cautionner la mascarade électorale en perspective, au risque d’être accusées de complicité avec les fossoyeurs de la démocratie à Madagascar;
  •  agir exclusivement dans l’intérêt des 28 millions de malagasy et non au profit d’un régime ou d’une quelconque puissance étrangère;
  • aider Madagascar à revoir tout le dispositif du système électoral pour mettre fin aux crises récurrentes à chaque période électorale. C’est également et surtout le gage d’une vraie démocratie où tous les citoyens puissent exprimer librement leur choix pour leur pays. 

Faut-il enfin rappeler que la situation de crise cyclique dans laquelle est plongé le pays, réduit considérablement les chances d’une amélioration des conditions de vie des 28 millions de malgaches. Madagascar ne pourra s’en sortir qu’avec le concours sincère des partenaires internationaux.

 

GTT International - Genève

12 Novembre 2023

 

(1) CADEG art. 23 (al. 5), art. 24, art. 25 (al. 4)


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Liste des récidivistes impliqués :

Rajoelina Andry , chef d’Etat sortant

Rajoelina Mialy, épouse

Rakotoarisoa Florent, président de la HCC

Ravalomanana Richard, président du gouvernement illégal par intérim

Lylison René, Gouverneur de la Région de Sofia

André Haja Resampa, ministre des sports et de la jeunesse

Razafimahaleo Lantosoa, sénatrice 

samedi 11 novembre 2023

IL NE FAUT PAS SORTIR LE TEXTE DU CONTEXTE !!! « DEMOCRATIE- RESPECT DES DROITS HUMAINS et GOUVERNANCE » sont le rempart de l’ETAT DE DROIT




                                 Réseau National d’Observation et de Prévention des Violences Electorales 


NOTE 

POUR SORTIR MADAGASCAR DE L’IMPASSE ACTUELLE 


IL NE FAUT PAS SORTIR LE TEXTE DU CONTEXTE !!! 

« DEMOCRATIE- RESPECT DES DROITS HUMAINS et GOUVERNANCE » sont le rempart de l’ETAT DE DROIT. Ils sont interdépendants et se renforcent mutuellement !!!. 


La paix et la démocratie ne doivent pas être l’otage des positions controverses et arrogantes qui ne reflètent pas les aspirations et les attentes de la population Malagasy qui, depuis longtemps, a soif de liberté, de justice, et de dignité. 


La situation actuelle est de plus en plus préoccupante avec toutes ces tensions latentes et les insécurités, sous toutes ses formes, qui montent en intensité et en ampleur provoquant davantage un environnement socio-économique dégradant qui porte en lui le risque d’une instabilité encore plus grande et de difficultés supplémentaires.

 

La crédibilité de la tenue d’élections libres, régulières, honnêtes et démocratiques, loin de toutes crainte et de violences, d’oppression et d’injustice où les différences de vues et d’opinions au sein des différents partis et opposants politiques, ne devraient pas être redoutées mais vénérées à l’échelle nationale, implique la mise en place des structures et des processus politiques, suffisamment, démocratiques, inclusifs et consensuels permettant de créer un environnement sûr et stable afin de regagner la confiance de l’opinion public dans ces processus électoraux. 


Les détenteurs d’obligations actuels refusent d’assurer une gouvernance démocratique au pays. Or, le respect des objectifs politiques que sont la primauté du droit, la démocratie et le respect des Droits humains, constitue, préalablement, une garantie de toutes élections crédibles et démocratiques. 


Les calendriers électoraux (premier et second tour) ont fait l’objet d’une désaffection de l’opinion publique, voire une désapprobation nationale et régionale car ils ne permettent pas d’établir une gouvernance démocratique et constitutionnelle durable à Madagascar. 


ROPE PLAIDE sur la nécessité de mettre en place d’un PROCESSUS DE RECONCILIATION NATIONALE fondée sur la JUSTICE TRANSITIONELLE afin de mettre fin à la guerre intestine entre les Malagasy 


ROPE PLAIDE, également, pour la mise en place d’un Mécanisme de STABILISATION tout en accordant un rôle prépondérant à la coopération tripartite composée des NU, de l’UA, et de la SADC, tout en impliquant les différents acteurs au niveau national. 


ROPE les réitère à intensifier leurs capacités et à mobiliser des efforts, dans leur mission d’accompagner Madagascar dans la résolution de l’impasse actuelle, et de mener des échanges intenses et des débats contradictoires sur terrain pour mieux appréhender la mise en oeuvre des RESOLUTIONS et des DECISIONS prises par le Conseil de Sécurité des Nations Unies et le Conseil de Paix et de sécurité de l’Union Africaine sur la paix et la sécurité en Afrique, (S/PRST/2009/26), 


Tel nous parait être la vraie expression d’un Partenariat Stratégique effectif et efficace entre le Conseil de Sécurité des Nations Unies et le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine pour sortir Madagascar de l’impasse actuelle, comme c’était le cas en 2009. (S/PRST/2009/26- S/PRST/2009/23). 


Fait à Antananarivo ce, 10 Novembre 2023 


Signataires MCCP/PAX ROMANA 

IPWS 

Médiatrice FemWise- Africa UA 

AVA 

FOMZMPM 

ONDH 

VIE NEUVE MADAGASCAR 

Akon’ny Fandrosoan Olompirenena 

OSC Mijoro Mandroso Madagascar ( doté du Statut Consultatif Spécial auprès de l’ECOSOC-NU 

AIFM MADA 

ASFEDM 

REV 

FIMPA 

COPH 

UNF(Unissons nos Forces) 

Coalition des Observateurs Electoraux Malagasy 

Union des Jeunes Patriotes 

jeudi 2 novembre 2023

MADAGASCAR - A qui profite l’argent public et les ressources du pays ?

 


MADAGASCAR - Dilapidation de l’argent public

A qui profite l’argent public et les ressources du pays ?


Lorsque l’on parle de ressources pour Madagascar, on fait d’emblée référence aux ressources minières et agricoles qui, sait-on, sont en abondance dans notre pays, attirant de ce fait la convoitise des multinationales étrangères. Ce phénomène appelé accaparement des terres est, rappelons-le, source de drame humain pour toute une région en raison de la spoliation qui en résulte, obligeant la population à quitter leurs terres. Mais c’est aussi le théâtre de corruption massive entre les acteurs concernés notamment les responsables politiques. Parmi les multinationales les plus médiatisées qui ont eu la “bénédiction” des autorités, on peut citer:

QMM/Rio Tinto dans la région de Taolagnaro (exploitation de l’ilménite et du titane), Tozzi Green à Ihorombe (agro-business), Tantalus dans le Nord-Ouest (terres rares), Mainland Minning (Ilménite et Zircon), Total sur le site de Bemolanga (exploration pétrolière). 

A noter également la construction d'infrastructures hôtelières aux îles Mitsio par des promoteurs suisses pour un budget de 600 millions USD, ce qui s’apparente à un accaparement de terres par un investisseur au détriment des populations locales.

Mais au-delà de ces cas d’accaparement des terres, les autres formes plus classiques d’appauvrissement du pays subsistent. C’est celui dans les relations commerciales biaisées entre la France et Madagascar.

La France est redevenue depuis 2017 le 1er partenaire commercial de Madagascar (volume d’échanges de 989 Millions USD) devant la Chine (864 Millions USD), selon la FMI. Et comment ?

C’est justement pendant le mandat de Rajoelina que les sociétés françaises se sont fait attribuer les marchés les plus alléchants. C’est en effet le cas de l’entreprise de BTP française COLAS qui a obtenu, 2018 à 2023, les grands projets comme le téléphérique, les rocades, les aéroports, les grands axes, les fly overs, les projets d’envergures de centrale électrique (barrage, solaire) qui représentent à eux seuls 500 Millions EUR.

Face aux méthodes peu orthodoxes employées par les multinationales françaises lors des passations de marchés (absence de transparence, voire corruption), la Banque mondiale a condamné ADP, Colas et Bouygues BI pour “pratiques collusoires et frauduleuses” avec les tenants du pouvoir. La bande des trois ont écopé de 12 à 24 mois d’exclusion des appels d’offres de la Banque mondiale.

Par ailleurs, en récompense du soutien financier accordé à Rajoelina lors de la propagande de 2018, les russes, à travers la société Wagner”, se sont vu attribuer l’exploitation du chrome et des bois précieux à Madagascar.

En outre, en contrepartie de l’obtention de permis d’exploration de minerai de fer à Soalala (Région Boeny), l’entreprise chinoise WISCO a payé 100 millions de dollars. Cette somme est destinée officiellement à la construction d’une belle route de 120 km entre Katsepy et Soalala, pour désenclaver la région, ainsi que la construction d’écoles. Mais, rien n‘a été réalisé : ni route ni école, l’argent a disparu dans les mains des tenants du pouvoir.

Les sommes qui sont relatées ici constituent une dette que nos descendants devront honorer.

En conclusion, Madagascar n’est pas pauvre mais appauvri par tout un ramassis de corrompus cupides, sans scrupule et complices des grandes entreprises étrangères prédatrices. Jusqu’à quand allons-nous supporter cette injustice ? Il est urgent de faire preuve de conscience citoyenne et de résistance active pour dire NON à l’appauvrissement et au pillage organisés de notre pays.

 

GTT International – Genève

Novembre 2023

 

 

Source :

https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/madagascar/madagascar-un-telepherique-tres-conteste-en-projet-a-antananarivo_4930309.html

https://www.tresor.economie.gouv.fr/Articles/2019/01/08/la-presence-economique-francaise-a-madagascar

https://la1ere.francetvinfo.fr/reunion/madagascar-adp-colas-et-bouygues-bi-sanctionnes-par-la-banque-mondiale-1197238.html

http://abidjantv.net/securite/le-groupe-militaire-russe-wagner-engage-deja-avec-plusieurs-pays-africains-et-dans-le-monde/

https://www.agenceecofin.com/mines/2302-105809-gros-plan-sur-les-organigrammes-des-societes-controlees-par-le-groupe-russe-wagner-en-afrique-rapport

https://www.madonline.com/projet-soalala-la-hat-fait-sa-propagande-les-opposants-denoncent/

https://ejatlas.org/conflict/wisco-soalala-iron-ore-madagascar/?translate=fr

https://www.africaintelligence.fr/afrique-australe-et-iles/2023/09/29/autour-de-rajoelina-la-guerre-souterraine-des-deal-makers,110059185-ar2


mercredi 25 octobre 2023

MADAGASCAR - Priorité à l’achat du logiciel d’espionnage PREDATOR pour se maintenir au pouvoir


 MADAGASCAR - Dilapidation de l’argent public

Priorité à l’achat du logiciel d’espionnage PREDATOR pour se maintenir au pouvoir

 14 Millions EUR = 63 756 000 000 Ar = 200 écoles environ 

Il s’agit d’une transaction illicite appelé « Projet LOCO » entre la société française NEXA (ex-Amesys) et partenaire d’INTELLEXA (1) et l’Etat malagasy, en 2021, pour l’achat du puissant logiciel de cybersurveillance PREDATOR, officiellement pour lutter contre la corruption et le crime organisé.

Or, la vente de tel matériel ne pouvait se faire sans une licence d’exportation obligatoire. Les matériels ont donc été convoyés discrètement par valises diplomatiques depuis l’Ambassade de Madagascar à Paris, évitant ainsi tout contrôle jusqu’à destination. A ce niveau, les deux parties ont déjà commis une entorse grave à la loi française.

Par ailleurs, le logiciel en question est en réalité utilisé à des fins politiques pour espionner et « éliminer des éléments dérangeants ». Il permet en effet de pirater les téléphones portables et surveiller massivement le réseau internet.

Résultat :

·         Six ressortissants malagasy et français sont mis en détention pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et projet d’assassinat du chef de l’Etat. Les peines prononcées sont allées jusqu’à 20 ans de travaux forcés (2) ;

·         Le journaliste Roland Rasoamaharo (La Gazette de la GI), très critique vis à vis de Rajoelina et suivi téléphoniquement depuis novembre 2020, est arrêté en mars 2023 et croupit encore en prison à ce jour.

En outre, il faut préciser que l’affaire est en instruction en France, car NEXA aurait violé la réglementation de plusieurs pays dont cette dernière. Les enquêtes ont montré que « PREDATOR serait utilisé par le pouvoir malgache dans le cadre de la campagne présidentielle de 2023 » (3).

Manifestement, la fin justifie les moyens pour Rajoelina qui veut à tout prix assurer sa réélection quitte à recourir à des pratiques illégales.

Rappelons que le logiciel en question coûte 14 Millions d’Euros, soit 63 756 000 000 Ar (4) ce qui équivaut au budget total consacré à l’organisation des élections présidentielles.

D’où vient une telle somme sinon des caisses de l’Etat ? Comment peut-on dépenser une somme aussi faramineuse alors que le pays baigne dans la misère avec 81% de la population qui vit sous le seuil de la pauvreté ? Curieusement, aucune réaction de l’Assemblée Nationale devant une telle situation qui mérite pourtant la constitution d’une enquête parlementaire.

Avec une telle somme, on aurait pu construire, au bas mot, plus de 200 écoles !! (5)

Donc, le choix est clair et cynique à la fois pour Rajoelina : préférer à dilapider l’argent public pour rester au pouvoir plutôt que se soucier de l’avenir des enfants du pays.

C’est IRRESPONSABLE et SCANDALEUX !!

 

 

Notes :

(1) INTELLEXA est un consortium international d’opérateurs intervenant sur le marché de la surveillance, dont NEXA est membre fondatrice.

(2) Source : Le Monde du 27/08/2022

(3) Source : Mediapart du 12/10/2023

(4) Cours mai 2021 (1 Eur = 4554 Ar)

(5) Sur la base de 68 000 Eur : coût de construction d’une école de 5 salles de classes de 35m2 (Source : scolarisation à Madagascar


dimanche 24 septembre 2023

DECLARATION DU RESEAU NATIONAL D'OBSERVATION ET DE PREVENTION DES VIOLENCES ELECTORALES





DECLARATION  DU RESEAU NATIONAL D’OBSERVATION ET DE PREVENTION DES VIOLENCES ELECTORALES                                                                                                                             

« ROPE », regroupant les Organisations de la Société civile œuvrant pour les droits humains, signataires de la présente Déclaration,


RESTE, toujours, préoccupé par le contexte pré-électoral qui prévaut actuellement à Madagascar ;


CONSTATE que les crises malagasy survenant à répétition depuis 1972 ont pour cause un manque de vision largement concertée, 


S’OPPOSE à toutes les initiatives anti-démocratiques prises consistant en une série d’arrangements ponctuels, en détournant l’application des lois, en modifiant et manipulant les législations dans leur interprétation à des fins partisanes, pour accéder et/ou se maintenir au pouvoir ;


CONSTATE, également, que le respect du droit interne est maintenant perçu comme une menace susceptible de mener à la dislocation sociale malagasy, mettant en péril la stabilité et la sécurité du pays et pour cause. 


NOTE l’article 46 de la Constitution de 2010 en ces termes : « Tout candidat aux fonctions de Président de la République DOIT ETRE DE NATIONALITE MALGACHE…» 


SOULIGNE, toutefois, que le Président de la République sortant s’est porté candidat aux élections présidentielles de 2018, ainsi qu’aux élections du 9 Novembre 2023 prochaines, feignant ignorer l’article 42 du Code de la nationalité malagasy qui affirme que « perd la nationalité malagasy le malagasy, majeur, qui, volontairement, a acquis la nationalité étrangère », alors que lors d’une émission télévisée spéciale organisée par la Présidence de la République, le mois de juillet 2023, il avait, lui-même, confirmé avoir acquis la nationalité française


par NATURALISATION en Novembre 2014. Une telle attitude constitue une violation grave de la norme supérieure, en l’occurrence, la Constitution, et risque de porter atteinte à la volonté de l’électorat.  

 

REFUSE le fait d’utiliser les normes légales à des fins autres que les objectifs de paix, de stabilité et de Réconciliation de nature à compromettre la confiance de l’opinion quant à l’organisation des élections avec intégrité permettant de rétablir une gouvernance démocratique et constitutionnelle durable à MADAGASCAR. 


NOTE également, l’article 52 de ladite Constitution que « Par suite de démission, d’abandon du pouvoir sous quelque forme que ce soit, de décès, d’empêchement définitif ou de déchéance prononcée, constatée par la Haute Cour Constitutionnelle, les fonctions du Chef de l’Etat sont exercées par le Président du Sénat.


C’est seulement « en cas d’empêchement du Président du Sénat, constaté par la HCC, que les fonctions du chef de l’Etat sont exercées collégialement par le Gouvernement ( traduction en malagasy  « au cas où le Président du Sénat se porte candidat lui-aussi, les fonctions du chef de l’Etat sont exercées collégialement par le Gouvernement ……» )


RAPPELLE la motion de censure intentée par l’ Assemblée nationale à l’encontre du présent Gouvernement en Décembre 2022 ;


AFFIRME que la “suprématie du droit” est un élément cardinal de tout gouvernement démocratique, au même titre que la transparence et la responsabilité des institutions gouvernementales.


C’est donc un IMPERATIF, un DEVOIR imposé par la Constitution au Président du Sénat, en tant qu’autorité nationale, qui prend une importance considérable, et non pour des convenances personnelles.


SOULIGNE que cette exigence implique une séparation entre les différents  pouvoirs, fondée sur le respect du principe de l’équilibre des institutions 


DENONCE que le non-respect de l’équilibre institutionnel ne correspond, absolument pas, à la mise en œuvre d’un système de répartition équitable entre les différentes institutions laquelle vise, également, l’équilibre des fonctions et des pouvoirs au sein desdites institutions.


Toutes les déclarations, ayant fait l’objet d’une désapprobation nationale, immédiates et quasi-unanime, condamnent l’existence d’un coup d’Etat inter institutionnel en raison de l’atteinte au principe de la démocratie qu’il entraine et pour la violation de l’ordre constitutionnel qu’il emporte.


Une certaine velléité à vouloir rompre des pourparlers risque de provoquer une escalade de violences mettant en cause les processus électoraux au pays pouvant dégénérer en une violation sérieuse des droits humains.


DE TOUT CE QUI PRECEDE,


RECONNAIT la nécessité de voir l’Etat de droit consacré et respecté par tous, y compris l’Etat lui-même, pour rétablir un gouvernement suffisamment fort, démocratique et transparent dans la gestion des affaires publiques, afin d’édifier les premières bases d’une stabilité et d’un développement durable.


REITERE les bonnes dispositions du FFKM dans la mise en place inclusive, transparente et ouverte d'un mécanisme de dialogue et de réconciliation, dans les meilleurs délais possibles, 


LANCE UN APPEL à tous les acteurs politiques concernés et aux citoyens Malagasy de prouver une volonté politique accrue d’accepter, une bonne fois pour toute, de renforcer un dialogue constructif entre les Malagasy et de se retrouver à la table de négociations, en vue de parvenir à un climat propice, débouchant vers des élections libres, crédibles, transparentes et démocratiques, fiables à l'égard de tous.


DEMANDE INSTAMMENT aux Organisations régionales et internationales et les autres partenaires d’apporter leur assistance et leur appui afin d’aider les Malagasy à prendre des mesures d’apaisement et à suivre une démarche harmonisée, c’est-à-dire coordonnée et cohérente en matière de restauration et de renforcement de l’Etat de droit, pour l’intérêt de tous.



Enfin, il n’existe pas de système politique qui puisse s’établir et se maintenir sans s’appuyer sur une LEGITIMITE, c’est-à-dire sur une CONFORMITE AUX VALEURS COMMUNES qui reposent sur la participation volontaire et spontanée de l’opinion publique aux élections. 


Aussi, il appartient à tous les dirigeants et aux citoyens malagasy de favoriser, solidairement, le progrès social et de préparer un avenir certain, sans crise. 



Fait à Antananarivo, ce 21 Septembre 2023


Les signataires 

                                                                                                                                                              

 MCCP/PAX ROMANA 

LIBERTY32 

VIE NEUVE MADAGASCAR 

REV  ( Réseau pour l’Eradication de la Violence)

COPH NATIONAL

AKON’NY FANDROSOANA OLOMPIRENENA

ONDH (OBSERVATOIRE NATIONAL  DES DROITS HUMAINS)- 

ASDFEM

AIFM MADA






Le GTT INTERNATIONAL, collectif de la diaspora malagasy, dont le siège est à Genève (CH), poursuit un double objectif: la restauration de l'Etat de droit et le rétablissement de la Démocratie à Madagascar. Il prône et oeuvre pour la liberté d'expression, la prise de conscience citoyenne et la mise en place d'une vraie démocratie dont l'exigence première est la tenue d'un processus électoral inclusif, libre et transparent ".